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6 juin 2009

[Livre] S. ou l'Espérance de vie (de Diego Gary)

S_ou_l_Esperance_de_vie

Avec "S. ou l’espérance de vie", Alexandre Diego Gary se lance dans un exercice périlleux. Mais, il faut bien l’avouer, l’écrivain s’en tire avec grâce.
A travers un récit qui mêle successivement autobiographie et fiction, l’auteur se raconte doublement : sous son vrai visage, fils de l’écrivain Romain Gary et de l'actrice américaine Jean Seberg, orphelin de deux parents partis trop violemment, et sous celui d’un personnage, sorte de double hypothétique.
Le certain Sébastien Heayes ère, dans les rues de Saint Sébastien, à la recherche de lui même. Si la première personne se distingue de la troisième, les deux discours se rejoignent sur la quête identitaire : comment parvenir à exister ?

Sans jamais sombrer dans le pathos ou le sentimentalisme, se refusant à l’épanchement inutile, Diego Gary fait des maux de l’âme une grande force littéraire. Par le biais d’une écriture dépouillée, nette et précise, l’auteur livre une série d’anecdotes inédites comme il rend un bel hommage à ceux qu’il a aimé. Si chaque page transpire l’extrême difficulté à être dans les spectres de deux monuments accablés par la douleur de vivre, l’écrivain parvient à concilier, selon un genre de paradoxe, deux qualités fondamentales à la narration de soi : pudeur et intensité.

Quelques éléments de la vie de l'écrivain Diego Gary :

Adolescent, Diego Gary a connu trois grands deuils. Il a 14 ans quand survient la mort d'Eugénie, sa gouvernante, la femme qui s'occupait de lui au quotidien. Il lui dédie le livre. Il a 16 ans lorsque le submerge, en septembre 1979, le décès de sa mère, Jean Seberg, devenue une figure de la Nouvelle Vague après son interprétation dans A bout de souffle, de Jean-Luc Godard (1960). Elle est retrouvée plusieurs jours après sa disparition, à l'arrière de sa voiture. L'autopsie conclura à une surdose d'alcool et de barbituriques.

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Jean Seberg, actrice américaine et maman de l'écrivain Diego Gary

L'année suivante, c'est le suicide de son père d'une balle dans la tête, chez lui, en décembre 1980.
Il lui faudra cinq années pour ne plus habiter dans l'immense appartement de son père, reprendre des études de lettres et une vie normale.

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Danielle Darrieux, Romain Gary et Jean Seberg dans "Les Oiseaux vont mourir au Pérou" (de Romain Gary)

30 ans après le suicide de sa mère et 29 ans après celui de son père, Diego Gary a 46 ans et il passe à la littérature pour ne pas devenir fou, bref pour revivre. Il a heureusement un talent inné.
Aujourd'hui, Diego Gary assure ne plus avoir peur de rien, "pas même d'écrire", parce que l'écriture a toujours été essentielle pour lui, même s'il ne publiait rien. Il n'aurait pas cherché à éditer ce livre si un conseiller littéraire de chez Gallimard ne lui avait pas donné son imprimatur. "Il a créé quelque chose, le vrai sujet, c'est tout simplement comment exister par soi-même, et il y parvient", explique le journaliste et écrivain, qui était un proche de Romain Gary.

Diego_Gary
Diego Gary vit à Barcelone où il a ouvert un café qui fait aussi librairie (ou l'inverse). Il sera bientôt père pour la première fois, d'une petite fille. A 46 ans, la tentation de tout foutre en l'air est derrière lui.

Via le mag Femmes et lemonde.fr

Le pauvre ! Quelle vie ! Il lui aura fallu près de 30 ans pour enfin parler de son enfance brisée par le décès de sa mère et le suicide de son père, avec pudeur et intensité.

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